Difficultés de parcours?
A l’approche du printemps,les journées se font plus longues, plus belles, les forêts plus vertes les campagnes plus gaies, et nombre de cavaliers reprennent plus volontiers des activités d’extérieur. Un cheval marchant d’un pas franc et enthousiaste, une pâquerette entre les dents, monté par un cavalier décontracté, sourire aux lèvres, heureux tous deux d’évoluer harmonieusement dans un joli paysage ensoleillé, une image dont beaucoup ont rêvé pendant tout l’hiver…
En réalité, quand vient le moment de partir pour la première balade de la saison, tout n’est pas toujours si rose pour les propriétaires qui n’ont pas eu l’occasion de sortir souvent pendant une longue période: le cheval n’est pas ou plus habitué à sortir du manège, il est inquiet, manque d’entrain ou au contraire se montre un peu surexcité; le cavalier n’est pas trop sûr de lui, commet des erreurs, se pose des questions sur l’état physique et psychologique de sa monture et démarre stressé, le résultat étant une promenade fatigante, ponctuée de moments de conflit parfois dangereux, le tout sur un ton général d’incompréhension.
Quelquefois, cette situation vient de lacunes dans la pratique de l’équitation de base du cavalier: celui-ci a acheté un cheval alors qu’il débutait, soit parce qu’il sous-estimait les difficultés de devenir un cavalier autonome, soit (et c’est malheureusement le cas le plus fréquent) parce qu’il s’est laissé convaincre par un exploitant de manège et vendeur de chevaux cherchant le profit immédiat avant la satisfaction et surtout la sécurité de son client .
D’autres cavaliers, d’un niveau moyen, ont à leur acquis de nombreuses heures de manège, mais trop peu de sorties pour être à l’aise seuls en extérieur. Beaucoup de bons cavaliers enfin se sentent démunis face à un cheval un peu rétif parce qu’ils ont arrêté leur pratique équestre pendant plusieurs mois ou années, trop occupés par leurs études, leur travail ou leurs enfants, et ont perdu leurs bons réflexes et leur assurance, en même temps que leur souplesse ou leur condition physique.
Si l’on combine ces cas avec le fait de devoir monter un cheval encore jeune, mal éduqué ou habitué à une autre discipline que la randonnée, ou encore un cheval que l’on connaît mal ou qui est lui-même resté longtemps sans travailler, on arrive à de multiples possibilités de problèmes particuliers ou de désaccord global dans le couple cavalier – cheval.
Rétablir la confiance
Pour construire ou restaurer une relation d’entente et de respect, il faut trouver un moyen de rétablir la confiance mutuelle dans l’équipe formée par le cavalier randonneur et sa monture. Et si l’expérience du cavalier ne lui permet pas de résoudre les problèmes par lui-même, une bonne solution consiste à se faire aider par des professionnels du secteur. Différentes formules sont à envisager, selon les objectifs que l’on vise, le temps et les moyens dont on dispose.
La tendance actuelle est de considérer comme un » must » les stages et autres » clinics » proposés par ceux que l’on désigne sous le nom de » nouveaux maîtres « , le plus souvent des Américains, qui utilisent des méthodes éthologiques respectant la nature du cheval pour communiquer avec lui. Leur principes sont séduisants, leur discours convaincant, et la facilité avec laquelle ils obtiennent une vraie complicité avec n’importe quel cheval est très souvent sidérante. Mais trop souvent leur enseignement est excessivement cher, prodigué sous forme de démonstrations où l’on regarde sans vraiment participer, et surtout il s’adresse à des cavaliers de toutes disciplines, qui disposent d’énormément de temps à passer avec leur cheval, pour pouvoir commencer » à zéro » par une approche de l’animal au pré, continuer par des » jeux » à pied dans un rond de longe, etc., avant de monter sur son dos et de partir en promenade. Cette progression représente l’idéal que peu de propriétaires de chevaux sont prêts à entreprendre réellement (on se contente de bribes de théorie, ce qui évidemment ne donne pas les résultats escomptés).
Le cavalier qui se prépare à l équitation d’extérieur et le cheval qu’on y destine ont besoin d’être éduqués sur le terrain afin de prendre conscience de leurs aptitudes et de leurs limites tout en surmontant leurs craintes au fil des chemins, goûtant ensemble au bonheur de randonner dans le nature.
» A jeune cavalier, vieux cheval, et à jeune cheval, vieux cavalier « , cet adage bien connu est d’application pour l’exercice de l’équitation d’extérieur. Pour la première sortie, le cheval qui n’est pas encore rôdé à cette pratique ou qui présente l’une ou l’autre défense en extérieur sera monté par un cavalier randonneur averti, le cavalier moins expérimenté ou un peu défranchi enfourchant un cheval de type » vieux routier « . Ensuite, pour une séance suivante ou au terme d’une période de stage plus ou moins longue et définie, le cavalier retrouvera son propre cheval pour continuer le travail, d’abord accompagné puis seul.
Le temps de faire connaissance, de mettre les règles du jeu au clair (pas question de bouger au montoir pour le cheval, pas question pour le cavalier de coincer le cheval avec des enrênements compliqués, par exemple) quelques fossés, quelques collines et quelques conseils plus tard, la décontraction aura pris le dessus. La confiance (re)viendra après une heure, une journée, une semaine ou plus selon l’expérience antérieure et le caractère de chacun.