Les Ardennes sont le terrain privilégié des cavaliers d’extérieur. Ceux-ci peuvent profiter de la beauté des paysages givrés et du silence féerique des forêts recouvertes de neige sous condition de prendre quelques précautions.
Le cheval du cavalier randonneur n’est généralement pas rasé pour l’hiver. Il vit au pré et a donc besoin de son poil épais pour supporter le froid et pour que l’eau de pluie puisse ruisseler et s’écouler sans parvenir au contact de sa peau. Ce long poil pose cependant quelques problèmes dont il faut tenir compte lors des promenades hivernales.
Premièrement il faut prévoir un peu plus de temps pour étriller et brosser le cheval, afin d’obtenir un poil parfaitement soyeux. Comme il transpire plus vite, les risques d’irritation des zones de frottement par le sel et la sueur sont augmentés. Il est ainsi très important d’utiliser du matériel propre, tapis de selle et sangle.
D’autre part, plus le temps est froid, plus il faut veiller à ce que le cheval rentre sec. Au retour d’une promenade terminée par au moins une demi-heure au pas, on peut couvrir le cheval d’une couverture aérée qui laisse passer l’humidité. Mais il est inutile de se précipiter pour le bouchonner, car ce massage met l’humidité qui se trouvait sur le poil au contact de la peau du cheval, et ainsi le refroidit au lieu de le réchauffer.
En cas de gelées et de neige, les principales inquiétudes du cavalier résident dans les risques de glissades et d’accumulation de neige sous les sabots. Il existe plusieurs ferrures étudiées pour faciliter la marche du cheval ( crampons, « semelles » de caoutchouc, … ), mais leur mise en place demande l’intervention du maréchal ferrant, et elles ne peuvent plus être employées quand la température remonte. Il est difficile de prévoir quand et pour combien de temps ces ferrures peuvent être utilisées.
A moins d’être capable de ferrer sa monture soi-même, faisons confiance au pied » sûr » de notre cheval !
Bien entendu, ce n’est pas le moment de choisir les sentiers les plus escarpés ou les lits des rivières gelées, ni d’emprunter des itinéraires inconnus. Il faut rester prudent et, si le cheval dérape, l’aider à se rétablir en utilisant son propre équilibre sans geste brusque. Le plus souvent le cheval se débrouillera tout seul si nous lui laissons la liberté de son » balancier « , son encolure.
Dans la neige, un cheval de randonnée habitué à s’adapter trouve rapidement la technique. Après quelques foulées, il tape du pied sur le sol pour se débarrasser de la boule de neige gelée qui le gêne. Cette situation se révèle toutefois très pénible pour les chevaux aux sabots les plus étroits. La neige très collante doit être évitée en raison des risques d’entorse pour le cheval, qui se trouve alternativement chaussé d’un ou plusieurs » hauts talons « .
Finalement, seule la poudreuse est praticable à 100 % pour vivre la magie d’un galop scintillant, s’il n’y a pas de verglas en dessous . . .
Quant au cavalier, il a intérêt à choisir judicieusement sa tenue vestimentaire s’il veut profiter d’une randonnée de plusieurs heures sans souffrir du gel. A coup sûr, ce sont les mains et les pieds les plus difficiles à garder au chaud. Il ne faut pas hésiter à s’équiper de gants munis de manchettes recouvrant les poignets ou même de moufles fourrées, ni à se chausser de bottes style » après-ski » ! A recommander également, la casquette avec protège-oreilles et les sous-vêtements chauds.
Le charme d’une randonnée hivernale en Ardennes ne laisse pas indifférents les cavaliers qui s’y aventurent, mais tous s’accordent pour conclure qu’une telle randonnée est bien plus fatigante que celles que l’on peut faire en meilleure saison. Les heures d’ensoleillement étant réduites, il faut prévoir de petites étapes. Le thermos de café ou de chocolat chaud pour le pique-nique et à l’arrivée sera le bienvenu. Les moins sages parleront également de pèkèt !
Au retour de la promenade, le cheval, évidemment moins frileux, ne rechignera pas le moins du monde à retourner au pré s’il y dispose d’un abri quelconque contre le vent et de quelques compagnons contre lesquels il pourra se serrer. Il faudra veiller à lui apporter de l’eau et suffisamment de nourriture.
Rappelons que si le cheval ne travaille pas très régulièrement, il est très important de passer le voir chaque jour afin de détecter le moindre problème qui s’aggraverait vite par temps froid et surtout humide. En effet, plus que le gel ou la neige, la pluie comporte des risques, d’une part un cheval mouillé souffrira plus du froid, et d’autre part la boue se formant sur le sol » attaque » les membres du cheval.
Même s’il n’y a apparemment aucun problème un » contrôle technique » s’impose une fois par semaine au minimum : rentrer le cheval à l’écurie pour qu’il sèche, le récurer complètement, soigner ses pieds ( graisser ou assécher ) en s’attardant sur les creux des pâturons que l’on enduira au besoin d’une substance imperméabilisante ( produit de soin spécifique ou corps gras quelconque ).
Christel et Jean-Louis